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  • Maître ROBINET

Un employeur peut-il annuler une promesse d'embauche ?

Dernière mise à jour : 17 nov. 2020

Le cas : Deux joueurs de rugby reçoivent par écrit une proposition d’un club pour intégrer son effectif. Avant d’avoir pu donner leur accord, ils sont prévenus par la direction que la procédure est annulée. N’appréciant pas d’être ainsi traités, les deux sportifs saisissent les tribunaux. En vain.


Quand une entreprise veut recruter, elle doit à un moment faire une proposition écrite d’embauche. Jusqu’ici, elle se trouvait face à un dilemme. Soit son offre était vague et risquait de ne pas donner confiance au candidat, notamment s’il devait démissionner. Soit elle était détaillée avec tous les éléments d’un contrat de travail, telles la définition du poste, la rémunération envisagée ou la date estimée d’entrée en fonction. Mais d’un point de vue juridique, l’employeur ne pouvait plus changer d’avis, même si le candidat n’avait pas encore donné son accord. En effet, depuis de longues années, la Cour de cassation avait établi une jurisprudence constante selon laquelle une proposition d’embauche écrite et détaillée valait contrat de travail. Du coup, une rétractation de l’employeur était considérée comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec le paiement d’indemnités à la clé.


Or les juges ont revu leur analyse (Cass. soc., 21.9.2017, n° 16-20.103, 16-20.104.) pour se conformer à une réforme du Code civil de 2016, qui touche tout type de contrat. Il faut désormais faire une différence entre offre et promesse d’embauche. Mais la distinction n’est pas claire. Pour simplifier, retenons qu’une offre de travail n’équivaut pas à un engagement ferme de l’employeur, ce dernier pouvant se rétracter tant que sa proposition n’est pas parvenue à son destinataire. Seul un courrier dans lequel il s’engage à recruter le candidat pressenti et lui accorde le droit d’accepter ou non constitue une promesse unilatérale d’embauche valant contrat de travail. Ainsi, selon leur formulation, les lettres des recruteurs n’auront pas toutes la même valeur devant les tribunaux.


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